Friday, June 13, 2008

Quel travail, quels talents, quel Google ?

Encore une fois, Nicholas Carr nage à contre-courant. Son article sur Google et l'intelligence (Is Google Making Us Stupid), est surtout une formidable ouverture à toute une série de commentaires (allez voir son blog !) qui disent en substance la même chose : nous ne savons plus lire un livre ! surfer le web 2.0 nous rend différents ! que sommes-nous devenus ?

En fait, nous ne savons pas très bien où nous en sommes. Ces évolutions technologiques et sociales qui s'accélèrent nous mettent sous pression : il faudrait lire, surfer, blogger, twitter, jouer, répondre sur des forums, contribuer à des blogs, lire wikipedia, ..., et arriver malgré tout à avoir une véritable activité professionnelle, une vie sociale et une vie personnelle ! Dur. Mais pas impossible.


Voilà où nous en sommes (l'image est utilisée par Dominique pour parler de l'état du savoir sur les réseaux sociaux...) ! Au tout début de quelque chose, mais sans savoir très bien ce qu'est ce quelque chose et ce qui arrive derrière.

J'ai deux convictions par rapport à cette vague (sociale) ou à cet iceberg:
  • C'est une bonne idée d'essayer, de tester ces nouvelles formes de communication. Ca permet de suivre les évolutions. Mais je me rappelle aussi que l'évolution des usages est postérieure à l'évolution des technologies. Je suis assez persuadé que la génération qui arrive va trouver les bons usages pour cette foule de nouveaux moyens de communication et collaboration;
  • Ce moyens de communication offrent un grand potentiel aux entreprises. Un potentiel d'ingénierie en termes de travail et de formation qui est l'un des fondements de leurs avantages compétitifs à l'avenir.
Je m'explique sur le deuxième sujet. Les différentes formes de lecture/pensée dont parle Carr sont pour moi utiles dans des contextes et pour des utilisations différentes. On doit être capable d'être un bon blogger sans pour autant perdre sa capacité à lire (d'ailleurs, Carr lui-même doit encore se rappeler comment lire pour être capable d'écrire ses livres).

Disposer de cette diversité de compétences complémentaires est une richesse pour une entreprise dans une économie du savoir. Il faudra simplement pouvoir "organiser" le travail entre l'analyse de données, la diffusion d'informations, la recherche d'expertise, la résolution de problèmes, l'exercice de créativité, l'exercice de créativité collective ou brainstorming, ... Et on voit bien que les outils que nous apprenons (peut-être lentement?) à utiliser aujourd'hui, vont nous être très utiles pour devenir meilleurs dans l'exercice de ces nouvelles compétences.

Les directions des ressources humaines ont à mon sens une vraie mission dans le contexte actuel: s'approprier et diffuser ces outils de travail (individuel et collectif) puis organiser le travail de leurs collaborateurs, pour une meilleure efficacité collective. Et ils seront obligés, pour réussir, d'organiser aussi le développement et la formation de leurs collaborateurs dans ces domaines.

Si je parle de mission, c'est pour deux raisons. Première raison, les modalités d'utilisation collective de ces nouveaux outils seront des éléments importants de la culture d'entreprise. Mission donc de préservation ou renforcement de leur culture, mais aussi de construction d'un avantage compétitif.

Deuxième raison, la diffusion de ces outils est rapide, comme nous le voyons. Il existe un risque certain de cassure professionnelle entre ceux qui sauront utiliser ces outils et les autres. Mission ici d'information auprès de leurs collaborateurs.

Et n'oublions pas. Tous ces nouveaux services ou moyens de communication ne sont que des outils, c'est-à-dire des instruments auxquels on donne sens en les utilisant. Google est un outil. Ce que je ne sais pas encore c'est, est-ce un outil individuel (un outil de recherche) ou un outil collectif (un outil qui favorise la réflexion collective) ? Pour l'entreprise, le risque à investir rapidement ces nouveaux terrains, sans avoir bien défini les conditions d'utilisation, est faible, car, à l'avenir, elle devra déployer des outils de travail individuel aussi bien que des outils d'intelligence collective.

Elle peut laisser aux Ressources Humaines le soin de donner un sens à ces nouveaux outils collaboratifs.

2 comments:

  1. Ca amène à réflechir. Je surprend beaucoup de gens en disant que c'est en commençant à bloguer que j'ai repris le goût à la lecture.

    Peut être que c'est la volonté d' apporter quelque chose qui amène à vouloir renforcer son background et trouver des sources pour alimenter sa réflexion.

    Mais n'est pas le pendant de la règle des 1-9-90 ? Les producteurs de contenus étant également ceux qui en "traitent" le plus et ont davantage de matière à réflexion.

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  2. Je suis d'accord Bertrand. Je crois qu'il y a plusieurs degrés de lecture à Nicholas Carr, lui même étant par ailleurs un écrivain de talent et donc un lecteur !

    Mais, par rapport à un livre, voire une bibliothèque, le web 2.0 me semble autrement plus exigeant pour l'intellect, parce que plus dynamique, plus rapide, évolutif, plus riche, et avec des points de repère fuyants ...

    Il nous a forcé a développer une nouvelle approche (et je pense que tu es bien placé pour en parler), de nouvelles compétences, de nouvelles aptitudes. Je pense de façon pragmatique, que c'est aussi une question de temps et d'énergie. Je blogue car je développe des relations et des compétences d'un genre nouveau et très riches - mais j'ai un mal fou à "gérer" ce blog et mes clients en même temps !

    Sans rentrer dans des approches philosophiques (c'est un peu le cas de Carr, à mon sens), ce qui m'intéresse c'est de quelle façon tout cela demande un effort d'adaptation aux entreprises, aussi bien en termes de business qu'en termes de développement de leurs collaborateurs.

    Je pense qu'on en est qu'au tout début de cette conversation.

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